13 janvier 2018

Le PDC, ce parti du XXe siècle...

Jeudi soir, le conseil de parti du PDC du Valais romand s'est prononcé à une faible majorité contre une révision complète de la Constitution cantonale. Cette décision, plutôt surprenante, va à l'encontre de sa députation au Grand Conseil et de ses élus au Conseil d'Etat.

Notre Constitution date de 1907, elle fête donc ses 111 ans cette année. Sous ses airs vénérables, on perçoit pourtant quelques signes d'obsolescence. En un siècle, notre canton s'est formidablement développé: les relations entre la plaine - autrefois majoritairement marécageuse - et les vallées s'en sont trouvé profondément transformées; la population, jadis essentiellement paysanne, s'est tourné vers de nouvelles activités.

Une constitution définit le socle sur lequel viennent se greffer les différentes lois. Elle n'a pas pour objectif d'être éternelle ou sanctifiée. Elle est toujours la résultante d'une époque, de l'état d'une pensée et en même temps une projection espérante dans l'avenir. Aujourd'hui, il est temps pour les Valaisannes et pour les Valaisans de se réunir, de redéfinir ce qui les rassemble et de regarder à nouveau vers l'avant.

Par sa prise de position, le conseil de parti du PDC montre qu'il est resté engoncé dans le XXe siècle. Pour tenter de conserver un passé qui file entre ses doigts, le PDC est prêt à hypothéquer l'idée même d'un avenir.

Le PDC renonce au formidable exercice intellectuel que peut représenter une constituante. Il y a longtemps qu'il a perdu l'habitude de la réflexion sur les fondements de notre vie commune; paralysé par sa frilosité, par ses atermoiements. Il expédie les affaires courantes, il administre l'Etat, mais il n'a plus le courage de la remise en question, l'audace de la réforme.

Il affirme qu'une constituante ne serait qu'un "parlement bis", c'est-à-dire une assemblée de politiciens. Mais il appartient justement aux partis d'aller chercher des personnalités atypiques, hors de leurs cénacles traditionnels, hors de leurs confréries. De nombreux citoyens habituellement peu intéressés par un engagement politique pourraient être motivés par l'expérience unique et historique d'une constituante.

Le conseil de parti du PDC préconise dès lors une révision de la constitution menée par le Grand Conseil. Au-delà de l'inévitable surcharge de travail que représenterait cette option pour les députés, il oublie pourtant un élément essentiel: le PDC a montré son incapacité à réformer nos institutions. Il y a quelques années, une commission cantonale ad hoc avait proposé une série de mesures pour réformer nos institutions vieillissantes; après des mois de débat, la montagne avait accouché d'une souris. Le PDC avait suffisamment détricoté toutes les propositions que finalement le projet exsangue "R21" avait été refusé par le peuple.

Mais heureusement, il n'est pas trop tard. Alors que certains tergiversent face à l'éventualité même d'un changement, d'autres forces, empruntant des voies plus impénétrables, des chemins de traverse, réfléchissent déjà aux nouvelles idées qu'ils espèrent voir germer. La base du PDC, active, vivante et innovante peut se réveiller et montrer que, contrairement à ses instances dirigeantes, elle est capable d'imaginer le Valais de demain.

J. Lovey

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