22 février 2015

VOYAGE DANS UN VALAIS QUI AURAIT PU ÊTRE

Communiqué:

La nouvelle exposition du Musée de Bagnes met en scène une cinquantaine de projets imaginés en Valais, qui n’ont finalement pas été réalisés. Mais si les Jeux olympiques ou l’autoroute du Rawyl avaient vu le jour, notre quotidien serait-il très différent? Bienvenue dans «Ce Valais qui n’a pas été», l’exposition qui transporte le visiteur dans une autre réalité.

Une année de travail, des dizaines de contacts avec les communes valaisannes, des heures de plongée dans les archives, des quantités de documents, dessins, plans, photosmontages, articles de presse, quelques maquettes, beaucoup de réflexion. A l’arrivée, une exposition passionnante proposée du 1er mars au 24 mai par le Musée de Bagnes, sous le titre «Ce Valais qui n’a pas été».

L’idée de cette exposition trottait depuis quelques années dans la tête de l’historien Bertrand Deslarzes, chargé culturel de la Commune de Bagnes. «Tout est parti d’un travail sur l’histoire de Verbier. Dans les années 60, on imagine des stations intégrées, qui prévoient de grands aménagements dans les secteurs de l’hôtellerie, des appartements et des domaines skiables notamment. Comme ce genre de projets se multipliaient à travers le canton, nous avons eu l’envie d’élargir le propos à l’ensemble du Valais.»

La récolte des données débute en mars 2014. «Nous avons envoyé un courrier à toutes les communes valaisannes en leur demandant s’il existait, sur leur territoire, des projets pensés mais avortés», explique Mélanie Hugon-Duc, anthropologue et commissaire de l’exposition. Les communes jouent le jeu, faisant appel à leurs souvenirs ou à leurs archives. Elles transmettent des projets documentés par des objets qui sont difficiles à exposer en tant que tels, et qui illustrent le processus du projet. «Plus il est avancé, plus il est illustré mais, souvent, cela reste très maigre.»

 © Ambroise Héritier

Mis en scène comme s’ils avaient été réalisés 


Une fois cet important matériau réuni, quel discours porter sur lui? C’est l’autre grand défi de l’exposition, qui sans cela se résumerait à une présentation anecdotique de documents. «Nous avons choisi d’inscrire les projets dans une autre dimension, en faisant comme s’ils avaient été concrétisés.»

La scénographie de l’exposition, imaginée par Claire Pattaroni, renforce cette impression: le visiteur franchit des rideaux derrière lesquels il découvre l’illusion d’autres présents valaisans. «Cette scénographie permet une adéquation parfaite entre la forme et le fond, se réjouit Mélanie Hugon-Duc. Elle fait pénétrer le spectateur dans une autre réalité, celle du non advenu, du non réalisé, avec un jeu sur les repères et la perception.»

La station de l'Arpille, qui devait faire le bonheur des touristes été comme hiver,
prévoyait une fameuse descente du Martigny. © Ambroise Héritier
Un hôtel sur le barrage d'Emosson, imaginé par l'architecte basile Zufferey.
© Zufferey

 

«On trouvait les barrages horribles, ce sont aujourd’hui des buts de promenade» 


 Si les projets avortés avaient été concrétisés, le Valais contemporain serait-il très différent? Un train au sommet du Cervin, un canton divisé en six districts, un parc d’attraction tropical au coude du Rhône, 23 tours à Aminona, est-ce que cela aurait tout changé? «Aujourd’hui, on trouve ces projets irréalistes, parce qu’ils n’ont pas abouti. Mais s’ils s’étaient concrétisés, on les aurait intégrés dans notre quotidien, comme on l’a fait par exemple avec les barrages: lors de leur construction, beaucoup de gens les trouvaient horribles, alors qu’aujourd’hui ils sont devenus des buts de promenade très prisés.»

Réalisés, ces projets auraient aussi contribué à donner une image différente du canton. Mélanie Hugon-Duc pense par exemple au Musée de l’industrie projeté à Vouvry, qui aurait mis davantage en lumière la dimension industrielle du Valais.

Ambroise Héritier a dessiné le territoire de «Ce Valais qui n’a pas été» et a illustré tous les projets réunis par l’équipe du Musée de Bagnes, alors que l’exposition présente uniquement les projets pour lesquels il existe des preuves matérielles. Empreint d’humour, le travail de l’artiste révèle des éléments intéressants, la concentration des projets et la relation plaine-montagne notamment.

Marie Claude Morand, Charly Darbellay, Urbain Kittel, etc. 


Pas plus qu’elle n’explique pourquoi les projets présentés ont avorté, l’exposition du Musée de Bagnes ne porte de jugement sur eux. «Un projet non concrétisé n’est pas un échec, mais une autre réalité possible.» Ils sont présentés sous quatre catégories: le paysage, le territoire, l’existence et l’art. Ce dernier volet permettra à la Sierroise Maria Ceppi de s’interroger sur ses projets artistiques pas encore réalisés, et de travailler à une installation participative qui sera créée en interaction avec des invités provenant de son cercle d'amis élargi.

Le public, qui aura tout loisir de s’installer dans les salles du musée pour feuilleter divers documents, pourra encore écouter des extraits d’entretiens menés avec des personnalités possédant une vision large du canton. A l’instar de Marie Claude Morand, ancienne directrice des Musées cantonaux, du promoteur immobilier Urbain Kittel, de l’historien Philippe Bender ou encore de Charly Darbellay. Plusieurs événements, comme une conférence sur l’architecture utopique, sont en outre prévus autour de «Ce qui n’a pas été», pour en parler et y penser.

Musée de Bagnes (Chemin de l'Eglise 13, Le Châble), exposition «Ce Valais qui n’a pas été», du 1er mars au 24 mai 2015. Vernissage samedi 28 février à 17h

> Ouvert du mercredi au dimanche, de 14 à 18h

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