22 avril 2014

Vers une nouvelle constitution? XXVI / Quand les radicaux faisaient le spectacle

On a vu comment le PCS en 2005 puis le PRD en 2007 relançaient l'idée d'une constituante, ils n'étaient pas les premiers on s'en doute, et il serait vain de chercher qui en a eu l'idée. Aldo Resenterra du PRD avait rappelé désabusé, lors d'un débat à Canal 9 en 2005, que le PRD avait déjà réclamé une nouvelle constitution lors de la législature précédente (et que les Verts d'aujourd'hui en prenne de la graine, la proposition avait été balayée par le grand conseil, comme d'ailleurs en 1997.Un débat qui est toujours en ligne. Camille Crettol du PS avait réclamé fortement les débuts des travaux d'une nouvelle constitution pour qu'elle soit prête en 2030!  Karin Perraudin-Bertholet du PDC montre, comme il se doit selon la doctrine du PDC, que la constitution n'est pas statique est qu'elle a été constamment modifiée. En fin de débat Camille Crettol réclame rieur le chantier d'une constituante en estimant que ça va nous prendre jusqu'en 2150!




La lecture du journal le Temps du 17 janvier 2007 est fort instructive puisqu'on y apprend que la chambre du commerce elle-même en soutenait à nouveau l'idée. Les acteurs sont ici Léonard Bender et Jean-Henri Dumont. On n'a hélas plus jamais entendu parler de cette initiative! De la même manière, les propos de Norbert Zufferey semblaient relever de l'effet d'annonce.

La Chambre de commerce et le Parti radical veulent lancer une initiative demandant la révision totale de la Constitution par une Constituante. L'appui de la gauche est probable, comme l'hostilité du PDC et de l'UDC.

La Constitution valaisanne a cent ans et vit peut-être ses dernières heures


«Donner l'image d'une région dynamique ou rester le canton du fromage et des montagnes, il faut choisir.» Président de la Chambre valaisanne de commerce, Jacques-Roland Coudray, par ailleurs député radical, présente ainsi la nécessité d'une révision totale de la Constitution valaisanne, qui date de 1907.

La Chambre annonçait discrètement dans son programme 2007 vouloir lancer une initiative réclamant une telle révision par la voie d'une Constituante. «Pour nous, les institutions font partie, comme la fiscalité, l'éducation etc., des conditions-cadres pour l'économie. Or, avec 290000 habitants, le Valais ne peut plus rester avec ses institutions actuelles, 13 districts, 8 régions, 153 communes dont le 40% ont moins de 1000 habitants. Mais nous n'entendons pas politiser cette affaire.»

Un serpent de mer


La politique est pourtant revenue comme l'éclair s'emparer du dossier. Le 28 décembre, un article du Walliser Bote se gaussait des partis qui avaient abandonné un dossier de cette importance à une organisation faîtière de l'économie.

C'est dans ce contexte que samedi dernier, lors de l'assemblée générale des radicaux, un inoffensif point de l'ordre du jour - la question des régions socio-économiques - a débouché sur un vote unanime pour une révision totale de la Constitution. Une révision qui est en réalité un serpent de mer agité maintes fois, sans succès, dans les basses eaux du Grand Conseil par les radicaux et les socialistes.

La nouveauté est donc l'option de la Constituante. «Parce que la voie parlementaire est visiblement bouchée, explique le président des radicaux, Léonard Bender. On a perdu je ne sais combien de fois sur ce sujet, sur des scores qui reflétaient globalement le rapport de force entre le parti majoritaire PDC et les minoritaires. Et puis surtout parce que la Constituante permet l'apport de nombreux citoyens engagés. Dans la récolte de signatures, dans ce contact avec le peuple, l'esprit de la Constituante souffle déjà.»

Les radicaux pourront probablement compter sur l'appui de la gauche. Le président du PS, Jean-Henri Dumont, donne sa position personnelle: «Ce n'est pas parce qu'elle vient des radicaux que nous ne soutiendrons pas cette initiative: nous sommes persuadés de la nécessité pour le Valais de repenser globalement ses institutions, toutes ses institutions.»

En revanche, le secrétaire général de l'UDC, Jean-Luc Addor, qui s'exprime aussi en son nom personnel, estime que «les expériences de révision de la Constitution fédérale et de la Constitution vaudoise ont montré qu'on aboutissait à davantage de centralisme et à accélérer des évolutions défendues par la gauche, comme le vote communal pour les étrangers. En Valais, pour réellement changer les choses, mieux vaut passer par les urnes, changer de majorité, puisque c'est le PDC majoritaire qui est le principal frein aux réformes et qui imposerait encore ses vues en cas de Constituante.»

Quant au conseiller d'Etat PDC Jean-René Fournier, en charge notamment des Institutions, il fait valoir que «la Constitution a déjà été révisée, ces dernières années, par des votes successifs, à près de 80%. L'idée, c'est d'arriver à un lissage final de la Constitution plutôt qu'à une révision totale, et en utilisant la voie parlementaire, qui est plus rapide et moins coûteuse qu'une Constituante.»

La «réforminette»


Léonard Bender réfute l'argument: «Une révision de la Constitution n'est pas une bouteille quantifiable en centilitres, c'est un souffle, une volonté, un vocabulaire, un esprit.» Quant à Jean-Henri Dumont, il qualifie les petits pas voulus par Jean-René Fournier «de réformettes, et même de réforminettes».

Constituante ou pas, les principaux points de réformes encore à faire et discutés depuis des années tournent autour des districts et des préfets, et de leur suppression totale, comme le veut la gauche, ou partielle, en ne conservant les districts que comme circonscriptions électorales, de la réduction du nombre de députés - 260 en comptant les suppléants -, d'une réduction des régions constitutionnelles à trois - haut, centre, bas -, dirigés par des super-préfets qu'élirait le peuple ou les assemblées des présidents de communes etc. Un exercice délicat que Léonard Bender résume ainsi: «Jeter le bois mort tout en conservant l'arbre plein de sève.»

Laurent Nicolet. Le Temps, 2007.

Le lendemain, cet entrefilet paraissait dans le Nouvelliste sous la signature de Vincent Fragnière qui y était encore.

Constitution valaisanne


«Le PRD recycle une idée du PCS»


Dans un communiqué de presse, le Parti chrétien-social valaisan a réagi à la décision du Parti radical de lancer une initiative populaire pour faire changer la Constitution valaisanne.

Tout d'abord, le PCS précise que son président Norbert Zufferey a déjà proposé en février 2005 l'organisation d'une assemblée constituante pour réviser la Constitution. «Nous constatons donc avec plaisir que le parti de Léonard Bender se rallie à cette idée. Derrière ce projet de réforme globale des institutions cantonales, énormément d'enjeux sont cachés. Nous nous réjouissons donc du ralliement du PRD à notre proposition. Relevons donc ensemble ce défi pour redonner au débat politique une base claire, pour rendre la parole à la société.» En plus du PCS, les radicaux pourront aussi compter sur les socialistes si l'on se réfère au «Temps» d'hier.

Vincent Fragnière

Rappelons que les radicaux à travers Adolphe Ribordy en 1997 et François Gianadda en 2003 reviennent régulièrement sur la question. 

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